Des savoir-faire hérités de l’artisanat et de l’industrie

Le département du Jura dispose ainsi des trois ressources qui ont favorisé l’installation et le développement d’activités industrielles et artisanales sur le territoire, principalement aux XVIIIe et XIXe siècles…

Des savoir-faire hérités de l'artisanat et de l'industrie
Des savoir-faire hérités de l'artisanat et de l'industrie | © Caudex-Fabriques


Les atouts géographiques et géologiques

Le département du Jura dispose ainsi des trois ressources qui ont favorisé l’installation et le développement d’activités industrielles et artisanales sur le territoire, principalement aux XVIIIe et XIXe siècles :

La ressource en bois conséquente et qualitative.

Une force hydraulique importante, présente sur l’ensemble du territoire.

Les gisements de matériaux, dont la présence de sels sur le front de chevauchement du Jura sur la Bresse.

Durant ces périodes, la forêt se vide de ses plus beaux troncs pour la construction des mâts des bateaux royaux. Les boisements plus jeunes et moins qualitatifs sont quant à eux dévorés par les forges et hauts fourneaux, installés le long des cours d’eau. La forêt se rétrécit alors comme une peau de chagrin.

La force de l’eau était utilisée de deux manières. Elle apportait d’abord une force motrice pour le fonctionnement des industries qui s’installaient à ses abords (scieries, tanneries, forges…). L’eau permettait également de pratiquer le flottage du bois, c’est-à-dire le transport par voie d’eau des pièces de bois, de toutes tailles, à l’état brut ou déjà découpées.

Les extractions minières

L’existence de bassins miniers ferrifères importants dans le Jura (Dampierre, Ougney et Pagney) a facilité l’implantation de hauts fourneaux au bois dès le début du XIXe siècle. Fraisans, Rans, Syam sont restés très longtemps des lieux industriels très importants pour l’économie et le développement du Territoire.

Les Forges de Fraisans, situées dans la vallée du Doubs, exploitaient les ressources ferrifères par des galeries souterraines allant jusque Ougney
Les Forges de Fraisans, situées dans la vallée du Doubs, exploitaient les ressources ferrifères par des galeries souterraines allant jusque Ougney | © Caudex


Le sel

Les principaux gisements de sel du massif du Jura se situent en bordure des premiers contreforts du Revermont, avec trois sites principaux Lons-le-Saunier, Montmorot et Salins-les-Bains, mais également avec des gisements à Tourmont, Grozon, Poligny. Le Trias supérieur du bassin salifère du Jura est exploité avec certitude depuis l’Antiquité latine. Le sel du Jura est une ressource dont l’extraction et le commerce se développent très fortement à partir du XVIIe siècle. De grandes chaudières sont construites et chauffées au bois pour extraire les eaux salées situées à 250 m de profondeur, ensuite acheminées vers la Grande Saline Royale d’Arc-et-Senans par 23 km de canalisations.

Le Musée de la Grande Saline à Salins-les-Bains, un site touristique inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2009
Le Musée de la Grande Saline à Salins-les-Bains, un site touristique inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2009 | © Caudex-Fabriques


Les métiers transfrontaliers de l’horlogerie

La proximité du Jura avec la Suisse a eu quant à elle une influence pour le travail de l’orfèvrerie et de l’horlogerie. La situation géographique du département rendait plus facile un axe de circulation entre le haut-Jura et le bas-Jura, ainsi qu’avec la Suisse voisine. C’est ainsi que les ateliers se sont spécialisés autour de zones géographiques et de savoir-faire particuliers. Autant d’ateliers qui ont forgé la réputation artisanale et industrielle du territoire.

La lunetterie et l’émail : Morez doit son existence à la Bienne, qui à partir du XVIe siècle va mettre en mouvement roues, moulins, martinets et autres machines à transformer le métal. Des ateliers des bords de Bienne vont sortir des clous, des horloges émaillées, puis au début du XIXe siècle des lunettes métalliques. Le site des « Forges de Baudin », situé dans la plaine, a été le lieu d’une intense activité industrielle de sa création en 1794, à sa fermeture en 1959.

Le décolletage par l’enlèvement de matière (acier ou métal) : Très répandu en Franche-Comté et en particulier dans le Jura, la présence de nombreuses entreprises de décolletage est due au fort passé dans les secteurs de l’horlogerie et de la lunetterie. Les principaux domaines d’activité sont l’automobile, l’aéronautique, l’aérospatiale, le médical, la connectique ou encore l’horlogerie traditionnelle.

Le lapidaire et le diamantaire : Nés des savoir-faire de l’horlogerie, l’art des lapidaires (Septmoncel) et diamantaires (Saint-Claude) consiste à tailler et polir des pierres fines et précieuses. On estime à 8000 le nombre de lapidaires dans les montagnes du Jura en 1920.

Ces savoir-faire sont issus du temps qui était disponible à la ferme pendant les périodes hivernales et utilisé au profit d’un travail de précision. Ils ont également influencé le style architectural des villes, comme à Morez où les verrières permettaient d’offrir plus de lumière dans les ateliers de confection.

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