Du tourisme thermal aux sports de plein air, une forte promotion du territoire
Le tourisme se concentre essentiellement sur le massif, la côte viticole et les reculées jurassiennes. Il est moins présent sur la plaine. Ces terroirs touristiques se justifient par l’image d’une « terre sauvage » et pittoresque, qui se veut faiblement urbanisée sur certaines parties. L’association entre tourisme et maintien de la vie locale est également permise par le Parc Naturel Régional du Haut Jura, qui voit le jour en 1986.
L’essor par le tourisme thérapeutique
Le tourisme prend réellement de l’ampleur dans le département à partir du XIXe siècle, par la création des stations thermales à Salins-les-Bains (1854) et Lons-le-Saunier (1892), alimentées par les sources d’eaux salées situées à proximité. L’activité s’inscrit dans un discours médical et hygiéniste qui promeut le « tourisme thérapeutique ». Les médecins valorisent ainsi les bienfaits de « l’air pur » et les excursions, lorsque le goût pour le voyage est au pittoresque, à l’émerveillement et la contemplation. Les paysages du département attirent alors pour leur nombreuses sources, cascades, gorges, cirques, reculées, Lapiaz…
Cette pratique du tourisme a marqué l’aménagement urbain et paysager de Lons-le-Saunier et Salins-les-Bains en faveur du style architectural thermal : parcs urbains, casinos, gares, palaces etc… On pense par exemple au Parc des Bains (Parc Edouard Guenon) à Lons-le-Saunier, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1993.
C’est à cette époque que l’on doit également une partie de la valorisation des parcours de découverte des paysages autour des sites pittoresques du département, ce fut le cas pour les Echelles de Crançot.
Des stations de ski pour lutter contre le dépeuplement du Haut Jura
À partir des années 30, la pratique sportive et touristique du ski alpin est perçue comme un moyen de lutte contre le dépeuplement du territoire, la crise de la lunetterie et l’effondrement des cours du bois. Des communes telles que les Rousses, font le pari de développer l’activité. Les pistes et remontées mécaniques s’installent sur des terrains agricoles et forestiers. A cette époque, le style d’aménagement des stations doit « proposer au citadin saturé par la vie urbaine, une architecture ouverte sur les paysages et l’ensoleillement, fondée sur l’effacement entre l’espace domestique et le milieu externe »*. En important un urbanisme inspiré des stations alpines, les orientations d’aménagement opposent l’aménagement des stations à l’habitat local montagnard, pensé comme fermé pour répondre à la rudesse du climat. A partir des années 1970, ces aménagements « lourds » se stoppent. Cette deuxième phase de développement touristique se tourne vers le ski de fond, une pratique qui est relocalisée dans son espace naturel et social.
Ce moyen de locomotion était utilisé pour se déplacer sur un territoire constitué d’habitats dispersés. L’insertion de ce sport suit un nouveau plan d’aménagement touristique qui vise à préserver les sites ou proposer des aménagements intégrés et à favoriser le tourisme diffus.
Un tourisme qui se veut en adéquation avec son terroir et ses paysages
Au-delà de l’étiquette de « terre du ski de fond », le Jura est aussi symbole de nombreux autres loisirs et sports de pleine nature. D’abord, les espaces de baignade, lacs, rivières offrent une image de « ressourcement » à la montagne, mais aussi d’espace, de liberté. Puis, les pratiques de la marche et de la contemplation sont encouragées : ce sont de nombreux chemins et belvédères balisés qui sont signalisés.
Le Jura comprend plus de 5 000 km d’itinéraires dédiés aux randonneurs à pied, à cheval, à ski, en trail ou à VTT et un réseau routier de près de 10 000 km dont 2 000 km de petites routes idéales pour le cyclotourisme. Ces itinéraires variés offrent de multiples manières de découvrir le territoire et ses paysages, ses traditions, son terroir et ses savoir-faire. Les Grandes Traversées du Jura sont des itinéraire aménagés pour 6 activités : ski de fond, ski de randonnée nordique, raquettes, vtt, cheval, pied.
Les itinéraires routiers : La route des vins du Jura, la route des Lacs, la route des Sapins, la route Pasteur, les routes du Comté
Les itinéraires cyclables : L’Eurovélo 6, la voie PLM, la Voie des Salines, la Voie Bressane, la Voie de la Bresse Jurassienne, les deux tours du Jura à Vélo
Les itinéraires pédestres : le GR® 9, l’Echappée Jurassienne
Les itinéraires ferroviaires : La ligne des Hirondelles
Une partie de la réussite de l’occupation touristique du massif jurassien résulte d’une intégration aux usages agro-pastoraux du territoire. Certains documents d’appel axent leur travail sur l’idée que l’on peut rencontrer ici de « vrais montagnards », « présents toute l’année », la pensée donc d’un espace « vrai », « authentique ».*
*Noël Barbe, Jean-Christophe Sevin. Le plein air comme grand air. L’exemple de l’aménagement et de la pratique touristique dans le Haut-Jura (1900-1996).
Olivier Sirost. La vie au grand air. Aventure du corps et évasion vers la nature, Presses Universitaires de Nancy.