Enjeux pour le Jura plissé des Grands Vaux
Conforter les politiques de gestion des tourbières pour préserver les écosystèmes et gérer l’attrait touristique associé.
Celles-ci révèlent une préoccupation forte pour ces milieux naturels depuis ces vingt dernières années :
• Le programme Life3 Tourbière (2014-2021) a permis de réhabiliter une vingtaine de tourbières dans cette unité (un nouveau Programme LIFE est en cours pour la période 2022-2029).
• Création depuis 1997 de sites Natura 20004 (Grandvaux, Entrecôte, Bienne…) en faveur de la préservation des habitats et des espèces, prenant en compte les enjeux de biodiversité dans les activités humaines.
• Classement des tourbières du bief de Nanchez en réserve naturelle régionale en 2022.
• Inscription des "tourbières et lacs de la Montagne Jurassienne" au titre de la convention Ramsar (zones humides d’importance internationale) en 2021.
Ces actions concrètes ont abouti à une réelle prise de conscience des élus face aux enjeux de qualité et de quantité des eaux qui pèsent sur ces milieux. Aujourd’hui les enjeux restent importants notamment dans les aménagements à mener pour gérer la fréquentation touristique des sites. Leur valorisation induit effectivement une hausse de leur fréquentation, impactant ces milieux dont les sites encore peu aménagés font la qualité des paysages des Grands Vaux. En termes d’agriculture, cette unité connait également une forte densité agricole où la ressource foncière limitée conduisant à une plus grande intensification fourragère. Une vigilance particulière de ces pratiques vis à vis des tourbières est menée pour le maintien en état de ces milieux et paysages fragiles.
Orientations :
Continuer à restaurer écologiquement les tourbières tout en les protégeant de la fréquentation touristique.
Maintenir les structures villageoises anciennes pour préserver les paysages de hameaux ou d’habitat rural dispersé sur les secteurs les plus reculés.
Le secteur des Grands Vaux se démarque encore actuellement par la qualité de la structure urbaine typique des montagnes du Jura pour les secteurs les plus reculés. Ils ont su garder leur typologie traditionnelle sous forme de hameaux ou d’habitat rural dispersé. Ce n’est pas le cas pour d’autres secteurs de l’unité paysagère, dans laquelle l’artificialisation des terres a augmenté de 15% entre 1990 et 2018 selon l’outil Corine Land Cover. Cette dynamique est principalement lisible sur les communes de Foncine-le-Haut, Lavans-lès-Saint-Claude et les Coteaux du Lizon depuis le début des années 2000. Pour Foncine-le-Haut, le nombre de logements a augmenté de 40% entre 1999 et 2019 selon l’INSEE5. L’attrait résidentiel est en partie dû à sa proximité avec la frontière suisse, où la pression urbaine transfrontalière s’étend de plus en plus loin sur le département. Une vigilance forte est à porter sur la préservation de la qualité architecturale des formes urbaines du secteur, dans le cadre de l’intensification du développement urbain transfrontalier.
Orientations :
Marquer la limite des villages et des hameaux face au risque d’étalement le long des axes et sur les crêtes.
• Réinvestir les centres-bourgs pour les rendre attractifs et en faire baisser la vacance.
• Préserver les coupures vertes.
Encourager la transformation des forêts monospécifiques vers la Forêt jardinée mixte pour s’adapter au changement climatique et aux attaques de ravageurs.
Les dynamiques liées aux espaces forestiers sont très importantes pour le Jura Plissé des Grands Vaux puisqu’ils occupent plus de 75% de l’unité paysagère. Les enjeux se portent surtout sur les forêts de Résineux monospécifiques. L’exploitation historique de la forêt irrégulière jurassienne a privilégié trois espèces : l’épicéa, le hêtre et le sapin pectiné. Aujourd’hui, comme beaucoup d’espèces, l’épicéa et le hêtre sont en souffrance face au réchauffement climatique et aux ravageurs, ce qui impacte le paysage forestier patrimonial du Jura.
On assiste effectivement à un assèchement de gros bouquets d’épicéas dans les massifs forestiers. Sur ces zones, l’intervention de l’ONF6 est minime, le renouvellement des espèces se fait de manière naturelle grâce aux principes de gestion en futaie irrégulière. Les espèces feuillues sont en train de reprendre progressivement leur place dans la composition forestière. Ainsi, la pérennité des massifs forestiers n’est pas en question, mais leurs paysages vont évoluer progressivement vers plus d’essences feuillues. Cette gestion en futaie irrégulière permet donc de renouveler les massifs forestiers avec des interventions ayant très peu d’impacts sur les paysages (pas de coupes rases).
On peut également observer que les massifs touchés par les ravageurs ne concernent pas ou très peu les forêts mixtes en futaie irrégulière (forêt jardinée) de ce territoire. Il s’agit notamment du secteur Nord de la forêt du Prince au Bois de la Joux derrière. Cependant, la partie centrale et sud du territoire, qui a connu un certain Enfrichement des parcelles agricoles ainsi que des campagnes d’enrésinement, se retrouve plus touchée par l’épidémie de scolyte.
Orientations : Valoriser les résultats positifs de la gestion de la forêt jardinée, multifonctionnelle, garante d’une importante biodiversité forestière, favorisant la diversité paysagère et étant plus résiliente face aux impacts du réchauffement climatique.