Enjeux pour le Premier Plateau

Accompagner l’évolution des pratiques agricoles pour maintenir les caractéristiques paysagères du Premier Plateau.


Cette unité qui est qualifiée de très rurale dans le diagnostic est en effet principalement dédiée à la production du Comté qui nécessite des surfaces en herbe importantes. Comme d’autres secteurs montagneux, cette partie du territoire a subi une forte déprise agricole jusqu’aux années 2000, pour voir sa situation se stabiliser aujourd’hui. La surface dédiée à l’agriculture a tout de même diminué, mais à une échelle moins importante et au profit de l’extension des zones urbaines.

Les changements dans le paysage entraînés par l’évolution des pratiques agricoles concernent plutôt la diversité des types de cultures et la taille des parcelles. Si la Polyculture était encore présente au début des années 2000, elle a été petit à petit remplacée par des prairies permanentes ou de fauche. Les parcelles sont également plus grandes et moins nombreuses afin de répondre aux besoins de la mécanisation. Ce remembrement a permis le maintien d’exploitations agricoles viables par l’amélioration des conditions de travail et de production. Le paysage a évolué mais pas vers l’abandon. Il faut désormais trouver un équilibre et préserver la biodiversité locale. En effet cette augmentation de la part de prairies au détriment d’autres cultures présente un certain intérêt, ce sont notamment des puits de carbone et elles participent à l’image paysagère du Jura vert et pâturé qui attire. Cependant, on pourra regretter la perte de biodiversité générée par un paysage qui devient de plus en plus homogène.
Cette question commence à être prise en compte par les acteurs de la filière et le futur cahier des charges de la filière Comté ira dans le sens d’une synergie entre agriculture et paysages pour maintenir le territoire attractif, alliant production, paysages et biodiversité.

Les murgers, typiques des paysages agricoles du Premier Plateau, subissent une dynamique d’Enfrichement lorsqu’ils ne sont plus entretenus et enrichis de nouvelles pierres. Ils accueillent le développement de haies vives supports d’une nouvelle biodiversité mais témoins d’une pratique qui se perd. Cette évolution des murgers induit alors de nouveaux paysages bocagers pour le Premier Plateau. Ils restent cependant des marqueurs paysagers forts des plateaux jurassiens qu’il convient de préserver.

Orientations :

• Conserver une diversité de taille de parcelles.

• Encourager des pratiques agroécologiques pour diversifier le type de culture et la biodiversité.

• Poursuivre le maintien des murgers dans les paysages et les valoriser.

• Préserver l’ouverture des clairières et la place de l’arbre isolé dans cette structure agricole.



Accompagner l’intégration paysagère des nouveaux bâtiments agricoles pour s’adapter aux nouveaux besoins tout en limitant la banalisation des entrées de villages.

Les surfaces urbanisées ont légèrement augmenté entre 1990 et 2018, comptant une hausse d’environ 200 hectares artificialisés selon l’outil d’analyse Corine Land Cover1. Ce développement urbain s’illustre principalement par le développement de petits lotissements pavillonnaires autour des centres-bourgs anciens qui ont su garder une structure villageoise typique. Cependant, une des évolutions notables des paysages urbains de ces 20 dernières années est liée aux installations de bâtiments et hangars agricoles au niveau des entrées de villages. En effet, les pratiques agricoles ayant évolué, les anciens bâtiments agricoles ne sont plus adaptés aux besoins actuels.

Ces nouvelles typologies architecturales sont généralement de taille imposante, peu intégrées aux typologies architecturales historiques et peuvent, dans une certaine mesure, banaliser la morphologie des entrées de villages du Premier Plateau. Le CAUE2 travaille en ce sens depuis quelques temps.

Orientations :

• Mettre en valeur les abords des exploitations et sensibiliser à l’intégration paysagère des bâtiments d’activités ou de ventes de produits agricoles en entrées des villages.

• Rénover et mobiliser l’ancien foncier et bâti agricole disponible dans les villages (notamment dans le contexte de ZAN3.

• Imaginer dans ces fonciers la possibilité de nouveaux usages (logement, tourisme, personnes âgées, etc.).



1962 : au sud de la Marre, les parcelles agricoles sont séparées par des murgers (lignes blanches visibles en vue aérienne). | © Geoportail


Début 2000 : des arbres et arbustes se sont développés sur les murgers, formant des bocages. Certains d'entre eux ont disparu pour répondre au besoin d'agrandissement des parcelles agricoles. | © Geoportail


2020 : les murgers continuent de s'enfricher et de disparaitre dans les paysages agricoles du Premier Plateau. | © Geoportail


Evolution des structures agricoles des murgers dans le paysage, où des haies prennent place sur ces murets de pierre - Secteur de la Marre | © K. Samborska dans le cadre de la préfiguration de l’observatoire photographique des paysages

Partager la page