Le Jura Plissé des Grands Vaux

Ce territoire marque l’entrée sur le premier palier de la Haute chaîne du jura. Le jeu parallèle des plissements détermine des vaux relativement larges dont Saint-Laurent-en-Grandvaux fournit le plus bel exemple. Les parties en contrebas des Grands Vaux accueillent lacs et tourbières qui constituent, encore aujourd’hui, des pôles de froids extrêmes lors des hivers rigoureux. La hêtraie-sapinière développe ses plus beaux peuplements sur les monts encadrants creusés à certains endroits par des combes dévolues au pâturage.

Les paysages du Jura Plissé des Grands Vaux

Paysage d’interfaces

Les Grands Vaux marquent une transition faiblement perceptible avec ses unités voisines. On retrouve à la fois de nombreux plans d’eaux qui font écho au Second Plateau tandis que son relief plissé l’apparente à l’ensemble géologique du Jura des crêtes. Cette interface linéaire révèle cependant un univers propre, dont la forme topographique accidentée, sous forme de petits vallonnements rend parfois difficile la définition de ses grandes caractéristiques paysagères.

Des milieux façonnés par les glaciers

Ici, plus qu’ailleurs, la période glaciaire a laissé une empreinte forte sur les milieux humides. L’action des glaciers qui a surcreusé la roche, est à l’origine de cette topographie constituée de nombreux replis visibles dans les vaux et clairières ouvertes. Des lacs et des tourbières se sont installés ensuite sur l’ensemble des bas-fonds où les froids extrêmes sont habituels en hiver. Ces nombreux plans d’eaux et espaces humides sont encore préservés des itinéraires touristiques et des loisirs associés, ce qui leur confèrent un caractère plus sauvage et préservé que le plateau voisin des 7 lacs. La végétation arbustive regagne cependant du terrain sur ces espaces ayant connu de grands défrichements dans le passé.

Des forêts mixtes jardinées

La Vallée de l’Ain qui borde les Grands Vaux marque une limite dans l’étagement des essences forestières sur le massif. Au contact de ce territoire et du Faisceau de Syam situé sur le Second Plateau, les forêts changent sensiblement de compositions, des feuillus aux forêts mixtes d’hêtraies sapinières et aux grandes sapinières et pessières. C’est dans ces massifs que s’est notamment répandue la célèbre Forêt jardinée jurassienne. Ce traitement consiste à faire cohabiter toutes les classes d’âges et hauteurs d’arbres, par des prélèvement légers et réguliers de la ressource. Ce traitement est sans impact visuel sur les espaces boisés, puisque sans coupe rase complète, il assure une permanence du couvert forestier.

Sous-unités du Jura plissé des Grands Vaux

Sous-unités 30 - Les Grands Vaux de Saint-Laurent et Foncine

un paysage ouvert, chahuté par la période glaciaire

Le nom « Grandvaux » prend ici tout son sens à travers cet axe nord-sud parallèle à l’unité suivante des Hautes Joux avec laquelle elle forme le binôme classique mont-Val (ou anticlinal-Synclinal). La topographie de cette vallée n’est cependant pas plane, elle se pare d’un relief retaillé par l’action glaciaire où la plupart des surcreusements sont issus de la fonte des glaces. Des lacs et des tourbières se sont installés ensuite dans ces bas-fonds connus pour leurs froids extrêmes en hiver. L’ensemble des Grands Vaux fut largement défriché dans le passé et présente encore aujourd’hui un paysage ouvert où de nombreux villages alternent avec des bosquets, des lambeaux de friches ou des tourbières. Le lac de l’Abbaye se cale quant à lui contre la forêt de la Joux Devant, la toile de fond des plans lointains.

Sous-unités 31 - L’Axe des Hautes Joux

un plissement boisé exemplaire de la géologie Jurassienne

Cet ensemble géographique illustre un exemple de forme géologique en plissement caractéristique du massif Jurassien : il suit un long axe de plissement du nord au sud constitué d’un mont (ou antcinal) régulier, évidé par de vastes combes. Perpendiculairement cet axe deux cluses accueillent la Saine et la Lemme et se prolongent dans la continuité de l’axe du faisceau de Syam sur le Second Plateau. Au sud, la Cluse de la Bienne vient interrompre brutalement l’ensemble plissé. Dans ces vastes massifs forestiers, les villages et les espaces agricoles qui les entourent se calent sur des combes ou des vals. Ils s’illustrent à la fois sous forme de bandes de constructions continues le long des axes de circulation et sous forme eparpillées au milieu des pâtures. Toutes les parties hautes des reliefs sont occupées par une forêt de conifères qui, en allant vers le sud, se mélangent aux hêtres.

Sous-unités 32 - L’Éperon de Montcuse

à la confluence entre Ain et Bienne

Au sud de Moirans, l’unité est bordée par les vallées confluentes de l’Ain et de la Bienne. Le val d’Héria s’y fraye un chemin du nord au sud. L’unité se distingue par des altitudes plus basses et par des dénivelés plus vigoureux. La couverture forestière, en majorité constituée de feuillus, est trouée de nombreuses clairières parfois reprises par l’Enfrichement. Hameaux et villages denses s’intègrent dans ce relief marqué et restent visibles dans le paysage. Cette position de promontoire offre peu de panoramas sur les paysages de l’Ain et la Bienne en raison de l’importance des masques forestiers.

Sous-unités 33 - Les Prés-Bois de Rogna

un mont boisé dominant la Bienne

Les Prés-Bois de Rogna constituent les plateaux surplombant la Cluse de la Bienne. Géologiquement il s’agit d’un mont (ou anticlinal) qui se prolonge dans le département de l’Ain. Sur son versant Est, moins abrupt, les villages de Rogna et Viry se sont installés à la faveur d’un léger palier. Les parties les plus hautes sont occupées par la forêt où les feuillus conservent une place importante. Les clairières qui parsèment l’ensemble sont menacées par la déprise et la végétation buissonnante.

Sous-unités 34 - La Cluse de la Bienne

une rupture dans l’axe nord-sud des Grands Vaux

La Bienne entaille ici perpendiculairement des gorges plus ou moins étroites dans l’ensemble paysager des Grands Vaux. La vallée se desserre entre Chassal et Jeurre et autour de Lavancia pour dégager de petits bassins à fond plat accueillant pâtures et villages qui permettent à la vue d’accrocher les versants avec plus de recul. Perpendiculairement à la vallée, Lavans-les-Saint-Claude et le ravin du Long se raccordent au système de la Bienne dont ils constituent les périphéries. La forêt de feuillus pour l’essentiel, écrase de sa masse sombre l’ensemble des versants qui jalonnent les rives de la Bienne.

De la forêt jardinée aux zones humides des grands vaux